Quand le langage se fait attendre…

Que proposer à votre enfant ?

Dans le développement global du jeune enfant, les parents sont souvent attentifs en premier au développement de la motricité et en particulier de la marche. Viennent ensuite l’attente des premiers mots et du langage. Chez certains enfants, ces mots vont mettre longtemps à émerger, pour diverses raisons. Cependant, de nombreuses choses sont intéressantes à proposer à l’enfant pour stimuler son expression et sa compréhension. Rappelons que la compréhension vient toujours avant l’expression. Un enfant a d’abord besoin de comprendre, d’associer des objets à des mots, pour ensuite se les approprier et pouvoir les nommer à son tour.

Bien évidemment, plus les choses sont proposées précocement, mieux c’est. Nous n’allons pas attendre que l’enfant ait 3 ans ou plus pour proposer d’autres alternatives au langage oral… mais il n’est jamais trop tard!

Voici les idées et suggestions que nous allons détailler dans la suite de cet article :

  • Utiliser plusieurs canaux de réception
  • Avoir un message clair
  • Imiter l’enfant
  • Constituer un cahier de vie/ classeur de vocabulaire, imagiers
  • Les chansons signées
  • Jouer avec les émotions

 

Utiliser plusieurs canaux: la communication multimodale

Quand on y réfléchit, le langage est quelque chose de très abstrait. En associant un signe ou un pictogramme au mot que l’on dit, cela fonctionne comme un sous-titrage. L’association du mot et du signe/ ou du pictogramme permet de s’appuyer sur les canaux auditifs et visuels, Notre langage s’inscrit dans notre corps, et associer un signe avec un mot, va nous permettre de retrouver ce mot plus facilement par la suite. Les recherches actuelles confirment que les aires motrices de la main et de la bouche sont très liées, et donc ce qui favorise l’un, favorise l’autre.

La communication multimodale est beaucoup plus riche pour l’enfant, et cela va nous permettre d’évaluer sur quels canaux nous pouvons nous appuyer.

L’enfant doit se rendre compte que ça vaut le coup. Il est donc important de cibler des signes qui vont l’intéresser et qu’il aura envie d’utiliser.

Retrouvez quelques signes simples ICI.   Le livre Signe avec moi est également très bien.

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Avoir un message clair

Adresser un message clair à l’enfant n’est pas si simple que cela en a l’air… Tout d’abord, cela signifie se mettre à la hauteur de l’enfant (s’accroupir, s’assoir pour ne pas lui faire lever la tête), pour pouvoir se regarder facilement et qu’il comprenne mieux que l’on s’adresse à lui.

Il faut également être attentif, surtout au début car après cela s’automatise, à ralentir notre débit de parole. Les signes sont d’une grande aide pour cela car lorsque nous signons des mots en même temps que nous parlons, de fait nous parlons plus lentement.

Dans notre façon de parler à l’enfant, nous devons veiller à utiliser des phrases courtes, à employer un vocabulaire simple, à éviter les questions doubles, ou interronégatives (ex : « tu ne voudrais pas un gâteau ? »), ou le second degré. Un piège dans lequel nous tombons facilement est de ne pas laisser assez de temps à l’enfant pour répondre et prendre son tour. Il faut être patient et savoir attendre une réponse de sa part. Vous pouvez par exemple compter 5 secondes dans votre tête avant de reformuler la question ou faire une autre demande.

Imiter votre enfant

Tout au long de son développement, l’enfant va d’abord développer des mimiques, des expressions du visage, des bruits avec sa bouche, du babillage. Quel que soit l’endroit où il en est, il est intéressant d’imiter ce qu’il fait. Imiter votre enfant va lui donner comme signal que ce qu’il fait est intéressant et va également l’encourager à vous imiter… et ainsi de suite.

Constituer un cahier de vie

Ce support est souvent proposé en classe de maternelle. C’est un outil formidable ! il permet de mettre des photos de la vie de tous les jours, de la famille, de la crèche ou de l’école. Le cahier de vie permet de raconter, de commenter, d’y associer des pictogrammes. Le principe est qu’il soit lisible par tout le monde : la famille, la crèche, l’école. Il est possible d’y mettre des pictogrammes, mais ils doivent toujours être sous-titré en français. C’est un support d’une richesse infinie pour entrer en communication avec un enfant qui ne parle pas encore.

Ce cahier de vie permet de construire une notion du temps qui passe, d’aborder des souvenirs, d’y revenir par la suite. (exemple de cahier de vie, en séance d’orthophonie)

cah  cahi

Il est aussi possible de construire des classeurs de vocabulaire pour aider la compréhension et l’apprentissage de nouveaux mots. Par exemple un classeur avec des aliments, des vêtements… vous pouvez trouver des tas de choses à découper dans des catalogues de publicité.

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Les chansons signées

Partager des moments de chansons avec son enfant présente beaucoup d’avantages, et il n’est pas nécessaire de savoir chanter ! Les petits sont très sensibles à la musique, aux mélodies, au rythme et aux rimes. Lorsque nous faisons des signes en même temps, cela permet de soutenir et capter leur attention.

Signer en chantant, va aussi encourager l’enfant à imiter les gestes que fait l’adulte, va l’aider à associer un mot et un signe. Par la suite, l’enfant pourra faire un signe de la chanson pour la demander.

Voici quelques idées de chansons simples, mais en cherchant sur internet vous pourrez en trouver de nombreuses autres :

 

Jouer avec les émotions

Il est important pour les parents de pouvoir nommer les émotions qu’ils ressentent ou celles qu’ils prêtent à leur enfant. Cela va aider l’enfant à mettre des mots sur ce qu’il ressent, à les identifier et à ne pas se laisser déborder quand il ressent quelque chose. On peut jouer à faire semblant, à regarder des livres qui parlent des émotions, à les dessiner…

 

Pour résumer, ce qui est important à retenir

Pour communiquer l’enfant a besoin d’avoir :

  • Une raison motivante de communiquer (demander, raconter, commenter, poser une question…)
  • Un système de communication (des signes, des pictogrammes, des mots, des photos…)
  • Des modèles de qualité (les parents, la crèche, l’école…)
  • Des occasions de communiquer : des moments de qualité avec l’interlocuteur

Dans cet article, vous avez pu lire des idées, des suggestions de choses à essayer avec votre enfant, sans exiger de « résultats » directs auprès de l’enfant. C’est-à-dire que l’on fait avec lui, sans lui demander de faire : il y viendra tout seul.

N’hésitez pas à l’encourager, le féliciter dès qu’il vous montre de petits progrès : émerveillez-vous de ses compétences, c’est la meilleure façon pour qu’il continue et recommence !

N’hésitez pas à fonctionner avec de petits objectifs et réajuster au fur et à mesure. Et surtout, savoir attendre et être patient

Céline Rein, orthophoniste CAMSP APF de Grenoble